[Article] Limitations with Using a Representational Hierarchy Approach for Language Learning

Voici ce que j’ai retenu de cet article de Gayle Porter et Linda Burkart :

Il s’agit pour moi d’un article fondamental en CAA car il vient questionner l’utilisation de tests comme le COMVOOR lors de la mise en place d’une CAA. Il s’agit pour moi d’une position éthique et ce, particulièrement lorsque nous travaillons avec des enfants (même si l’apprentissage du langage se fait également à l’âge adulte).

Cet article remet en cause l’utilisation d’une hiérarchie des représentations en ce qui concerne les symboles (il convient de d’abord passer par les photos avant d’introduire des pictogrammes, un symbole iconique ne nécessite pas d’apprentissage…).

Romski et Sevcik (2005), dont vous pouvez trouver la traduction ici, énoncent ainsi le mythe 6 :  Il existe une hiérarchie représentationnelle des symboles qui va des
objets jusqu’aux mots écrits (orthographe traditionnelle).

Gayle Porter et Linda Buckart rappellent que l’iconicité concerne les noms et que, dans le cadre de la CAA, cette emphase sur les noms est préjudiciable car cela réduit d’autant l’accès à d’autres mots, souvent acquis plus précocement dans le développement et offrant davantage de pouvoir de communication.

Les représentations plus concrètes comme des photos ou des objets peuvent gêner la généralisation (il sera plus difficile de généraliser la photo de la tasse verte utilisée quotidiennement à l’ensemble des tasses). De plus, il est difficile de représenter des concepts plus génériques, moins facilement illustrables avec des représentations concrètes : Par exemple, si l’on choisit la photo d’un homme effectuant le geste STOP pour signifier ARRÊTER, la photo sera plus facilement associée au mot « homme » qu’au mot « arrêter » et il sera difficile de généraliser le concept à une femme ou un enfant.

Les mots qui peuvent facilement être illustrés (donc avec une représentation concrète possible) sont des mots de moindre fréquence (mots de vocabulaire spécifique) et non des mots appartenant au vocabulaire de base (mots plus fréquents pouvant être utilisés dans de multiples situations). Les personnes auront donc moins d’opportunités d’utiliser le vocabulaire ainsi présenté dans de multiples situations et pour de multiples fonctions de communication.

Les photos d’objets sont plus facilement reconnaissables que des dessins au trait (comme des pictogrammes) par des personnes qui ont des capacités visuelles intactes. Les enfants qui présentent des difficultés corticales visuelles seront en difficulté devant la complexité de la photo (nombre important de détails et de couleurs). Des images plus simples (en ce qui concerne les formes utilisées et le nombre de couleurs) comme des pictogrammes seront plus simples à appréhender. De même, les personnes autistes auront des difficultés à filtrer l’information pertinente d’une photographie.

Parler d’iconicité n’est pas un argument valide du point de vue de l’apprentissage du langage : le langage est appris. Pourquoi est-ce qu’un français ne peut pas lire/parler/écrire/comprendre le grec ? Est-ce que c’est parce que le grec est plus arbitraire que le français ? Non, c’est simplement une question d’opportunité d’apprentissage.

Les recherches sur l’acquisition des langues des signes et l’apprentissage des gestes arbitraires ont montré que l’iconicité n’est pas le premier facteur qui influence l’apprentissage chez les jeunes enfants. L’utilisation et l’utilité du signe/symbole sont plus importantes que l’iconicité.

Le langage est complètement arbitraire et les jeunes enfants apprennent à le comprendre et à l’utiliser en y étant exposés dans la vie quotidienne.

Privilégier l’iconicité des symboles entraîne d’utiliser davantage de noms et donc de limiter la communication à faire des choix ou des demandes d’objets.

Ainsi, nous ne devons pas attendre pour introduire des pictogrammes auprès de jeunes enfants. Nous devons leur donner la possibilité de les apprendre en les utilisant nous-mêmes dans les contextes signifiants du quotidien. L’objectif de la stimulation de la communication et du langage est que les enfants communiquent dans les mêmes buts et pour les mêmes fonctions que leurs pairs non-handicapés.

De nombreuses recherches ont montré que des personnes d’âges divers et avec différents handicaps peuvent apprendre des pictogrammes avec la stimulation langagière aidée.

L’utilisation des photos pour faire des choix n’est pas une mauvaise chose en soi mais Linda Buckhart et Gayle Porter ne ressentent pas le besoin de le faire car :

  • Prendre et éditer des photos qui ne sont pas complexes visuellement prend du temps et peut limiter le vocabulaire à disposition de la personne
  • On peut souvent apprendre à la personne à utiliser de façon plus flexible, plus spontanée les objets présents de l’environnement (et nous n’avons pas ainsi de préparation préalable pour communiquer)
  • La plupart des concepts qui peuvent être représentés par des photos peuvent également être enseignés facilement avec des pictogrammes.

Le principe écueil se trouve lorsque toutes les attentes sont basées sur la reconnaissance des pictogrammes et que l’on ne donne pas aux personnes la possibilité de développer un langage et de communiquer pour différentes raisons.

L’utilisation de la stimulation langagière aidée donne aux personnes l’opportunité d’apprendre non seulement les symboles mais également comment ces symboles peuvent être utilisés.

Vous pouvez trouver l’article ici

Et en version française

3 réflexions sur “[Article] Limitations with Using a Representational Hierarchy Approach for Language Learning”

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