[Article] « Pediatric Feeding Disorder : Consensus Definition and Conceptual Framework »

Jusqu’à présent, il n’y avait pas de consensus sur la définition des troubles alimentaires en langue anglaise. Plusieurs définitions coexistent dont celle de l’American Speech-Language-Hearing Association (ASHA) et celle du DSM 5, entre autres. Les auteurs soulignent que la sous-catégorie « restriction ou évitement de l’ingestion des aliments » que l’on trouve dans les « troubles des conduites alimentaires et de l’ingestion des aliments » ne peut pas être appliquée, du fait de la sévérité requise, à un certain nombre de personnes rencontrées. Les enfants qui présentent un défaut de compétences oro-motrices, par exemple ne correspondent pas à ce diagnostic du DSM 5 comme certaines personnes présentant des troubles du spectre autistique.  En langue française, il n’y a même pas de consensus sur la dénomination de ces troubles puisque les orthophonistes français parlent de troubles de l’oralité alimentaire alors que les logopèdes, eux, traitent de problèmes ou de troubles alimentaires. 

Les auteurs de cet article parlent de « Pediatric Feeding Disorder » (PFD) que nous pourrions traduire par Troubles alimentaires pédiatriques (TAP). Les auteurs se sont surtout attachés à trouver un consensus sur la définition de ces troubles et non à trouver une dénomination commune qui ne semblait pas poser problème en langue anglaise. Nous pouvons regretter, toutefois, que la dénomination proposée comprenne le terme pédiatrique car elle exclue d’office les troubles alimentaires présentés par les adultes. Nous pouvons, malgré tout, nous appuyer sur la définition consensuelle proposée pour définir les troubles alimentaires présentés par ceux-ci.

Les auteurs se sont appuyés sur la trame de la classification internationale des maladies (CIM) de l’OMS pour proposer un consensus qui intègre les différents points de vue : médical, nutritionnel, alimentaire et psycho-social. Il est nécessaire de considérer chacun de ces quatre domaines pour l’évaluation et le traitement. Le point fort de ce consensus est l’intégration des limitations fonctionnelles constatées. Ceci est indispensable à l’amélioration de la qualité de vie de la personne et de son entourage, en particulier, s’il s’agit d’un enfant ou d’une personne en situation de handicap. En effet, les troubles alimentaires retentissent sur la participation à la vie quotidienne de la famille ou plus largement à celle de la communauté et ce, d’autant plus que l’autonomie de la personne est limitée.

Les critères diagnostiques recensés dans cet article sont issus de discussions entre experts des troubles alimentaires. Ils sont basés à la fois sur des preuves, lorsqu’elles sont disponibles ou, à défaut, sur l’opinion des experts.

Les troubles alimentaires pédiatriques sont donc définis comme « impaired oral intake that is not age-appropriate, and is associated with médical, nutritional, feeding skill, and/or psychosocial dysfunction » (Goday et al., 2019, p 125), ce que l’on pourrait traduire comme une altération de l’ingestion des aliments, qui n’est pas appropriée à l’âge et qui est associée à des problèmes médicaux, nutritionnels, des compétences alimentaires et/ou à un dysfonctionnement psychosocial. Les troubles alimentaires peuvent être qualifiés d’aigus lorsque leur durée est comprise entre deux semaines et trois mois et de chroniques lorsqu’ils perdurent au-delà des trois mois. On ne peut poser de diagnostic de troubles alimentaires pédiatriques qu’en l’absence de troubles de l’image corporelle afin de les distinguer de l’anorexie.

L’altération de l’ingestion des aliments est une incapacité à absorber suffisamment d’aliments et/ou de liquides pour remplir les besoins nutritionnels et d’hydratation. L’incapacité à absorber des médicaments n’est pas prise en compte. Le pica ou la rumination ne constituent pas à eux seuls un trouble alimentaire pédiatrique mais peuvent lui être associé.

Dans la suite de l’article, les auteurs détaillent chacun des quatre domaines.

            Le domaine médical : Les difficultés vont se manifester par des problèmes cardiorespiratoires durant la prise alimentaire ou par des fausses routes, des pneumonies d’aspiration récurrentes. Parfois, le lien entre les troubles alimentaires et une pathologie est clairement établi, comme dans le cas de l’œsophagite à éosinophiles. 

           Le domaine nutritionnel : on peut déceler des signes de malnutrition, de surnutrition, d’un déficit en micronutriments, une déshydratation car de nombreux enfants avec des troubles alimentaires pédiatriques ont des apports en aliments et/ou en liquides réduits en qualité, en quantité et/ou en variété.

           Les compétences alimentaires : Les périodes de transition (textures des aliments, utilisation d’ustensiles différents) sont souvent révélatrices des difficultés. Un déficit des compétences alimentaires se manifeste par un besoin d’adaptation des textures (aliments et/ou liquides), par un aménagement de l’installation pour le repas, que ce soit au niveau de la posture ou des ustensiles utilisés, et/ou par le recours à des stratégies de nourrissage spécifiques. Les troubles peuvent être mis en lien avec des troubles sensoriels, des troubles des fonctions oro-myo-faciales.

            Le domaine psychosocial : Les difficultés peuvent se manifester dans ce domaine par un évitement actif ou passif des situations d’alimentation, une non adaptation de l’accompagnant aux besoins nutritionnels ou alimentaires de l’enfant, un fonctionnement social absent ou déviant pendant les temps de repas, une perturbation de la relation avec l’aidant lors du repas.

Heureusement, tous les enfants ne présentent pas l’ensemble des symptômes mais les descriptions ci-dessus permettent d’alerter sur la nécessité de réaliser une évaluation dans chacun des domaines afin d’offrir un accompagnement de qualité.

Goday, P. S., Huh, S. Y., Silverman, A., Lukens, C. T., Dodrill, P., Cohen, S. S., … Phalen, J. A. (2019). Pediatric Feeding Disorder: Consensus Definition and Conceptual Framework. Journal of Pediatric Gastroenterology and Nutrition68(1), 124‑129. https://doi.org/10.1097/MPG.0000000000002188

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